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Question 49 : Qui sont les nouveaux acteurs du financement de l'économie et quel est leur poids (sans la conclu)

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Message par nicolas percet Mar 16 Fév - 20:31

INTRODUCTION :

Comme le montre la récente évolution de la classification juridique des établissements financiers (Loi du 28 Janvier 2013, ordonnance du 27/06/2013), et dans le prolongement du mouvement de libéralisation totale des marchés financiers initié depuis les années 1980, de nouveaux acteurs sont récemment apparus dans le financement de l’économie.

Ce mouvement, assez disparate, illustre à la fois la désintermédiation du financement de l’économie et la volonté de se passer des acteurs traditionnels, accusés d’être à l’origine des crises financières.

L’objectif de cet exposé est de présenter les deux nouveaux acteurs ayant le plus d’impact sur le financement de l’économie internationale tout en précisant leur poids et ses tendances d’évolution.

I. LE SYSTEME BANCAIRE PARALLELE : LE SHADOW BANKING

A. Définition

Au sein des marchés financiers, il y a le système bancaire classique et le «shadow banking». En français, on l'appelle la «finance de l'ombre» ou «la finance fantôme». Il s'agit en fait de tous les intermédiaires financiers qui sont en dehors du système bancaire traditionnel, et qui participent au financement de l'économie mondiale. Autrement dit, ce sont toutes les opérations financières qui se font hors des bilans des banques.

Le Conseil de Stabilité Financière (CSF) en retient la définition suivante : le SB ou finance parallèle est « un système d’intermédiation de crédit auquel concourent des entités et activités extérieures au système bancaire régulé ».
Cet ensemble d’acteurs, situé aux frontières des banques et des marchés, collecte de l’épargne, souvent liquide, pour la transformer en placements de long terme, en particulier des produits de titrisation, technique la plus emblématique de ce dispositif. Le shadow banking comprend des activités de transformation d’échéances ou de risques qui sont des fonctions traditionnelles des banques sans pour autant être soumis à la même règlementation.

Ce système bancaire parallèle établit des interconnexions entre les banques et l’ensemble des institutions financières, ce qui constitue une source importante de risque systémique, souligné par l’ACPR. Il a notamment joué un rôle majeur dans la genèse puis la propagation internationale de la crise financière de 2008.

B. Les acteurs de la finance parallèle

Si le système de finance parallèle s’est d’abord développé aux Etats-Unis à partir des années 1990 sous l’impulsion de banques d’investissement (Goldman Sachs, Bear Sterns et Lehman Brothers), les grandes banques universelles européennes y ont très vite joué un rôle majeur :

Pour satisfaire les exigences prudentielles, et en particulier le ration de fonds propres, les banques européennes ont cherché à sortir de leurs bilans une partie de leurs actifs et de leurs risques, ce qui a conduit à un usage massif des produits dérivés et surtout de la titrisation des créances, permettant de transférer du crédit, et donc des risques, du bilan des banques vers celui d’institutions non bancaires. Ce mécanisme de titrisation a favorisé l’adoption d’un modèle nouveau dans lequel les banques continuent certes d’accorder des crédits, mais avec l’idée de les restructurer et de les vendre au plus vite. Cette nouvelle forme d’intermédiation a donné naissance à une véritable industrie financière, qui constitue le cœur du système de finance parallèle.

Par ailleurs, à la différence du système bancaire traditionnel, le shadow banking se compose de tous les acteurs impliqué dans les opérations de crédit à fort effet de levier et qui n’ont pas directement accès à une assurance de dépôts ni au refinancement des banques centrales. Ces acteurs financiers ne sont pas soumis à la supervision prudentielle édictée par le Comité de Bâle.

Participent à la finance parallèle les banques d’affaires et d’investissement, les fonds spéculatifs (hedge funds), les fonds d’investissement (fonds mutuels, fonds de pension, société d’assurance), les fonds de private equity et les véhicule spéciaux d’investissement. Mais aussi, les entreprises de capital-investissement, les sociétés de garantie de crédit, les trusts de gestion d'actifs (immobiliers par exemple), les sociétés d'affacturage (crédit inter-entreprises), etc... Dans un sens encore plus large, le «shadow banking» peut regrouper les établissements de crédit-conso ou de crédit-auto, de micro-crédit, les sites de crowdfunding (financements participatifs), les plateformes de monnaies virtuelles (bitcoins par exemple).

C. Le poids croissant de la finance parallèle dans le financement de l’économie

La définition et les contours du shadow banking ne sont pas très précis et il est difficile de donner une mesure consensuelle de ce phénomène. Toutefois, le Conseil de Stabilité Financière a tenté de mesurer la taille globale du système de finance parallèle mondial à partir des actifs des « autres intermédiaires financiers » non bancaires. Ces estimations aboutissent à deux conclusions importantes et plutôt surprenantes :
Première conclusion : la crise financière n’a pas provoqué la diminution de la taille du shadow banking system international. Après avoir fortement augmenté au début des années 2000, passant de 26 trillions de dollars en 2002 à 62 trillions en 2007, il a connu une légère diminution en 2008 mais il représente 67 trillions de dollars en 2011, soit plus qu’à la veille de la crise., soit 5 trillions de plus qu’en 2012. Le CSF a chiffré le marché à 75 trillions de dollars à fin 2013

Selon cette estimation, le «shadow banking» représente ainsi un quart des actifs financiers mondiaux, la moitié du poids du système bancaire traditionnel, et l'équivalent du PIB mondial annuel. Les États-Unis, la zone euro et le Royaume-Uni détiennent à eux seuls les trois-quarts des actifs qui relèvent du «shadow banking». Mais dans les pays émergents, particulièrement en Chine, en Inde, en Indonésie et en Russie, la «finance de l'ombre» progresse fortement (entre 2002 et 2012, les actifs gérés par la banque parallèle sont passés de 6% à 35% de leur PIB et sont évalués à 7 trillions de dollars à fin 2013).

Il faut bien noter que ces calculs du FSB «ne prennent pas en compte les centres financiers offshore (les paradis fiscaux, ndlr), où la plupart des hedge funds sont domiciliés», ni les compagnies d’assurances et les fonds de pension, deux secteurs aux 55 trillions de dollars d’actifs.
Seconde conclusion : en 2011, le shadow banking system de la zone euro était de taille équivalente (22 trillions de dollars) à celui des Etats-Unis (23 trillions de dollars). Et si l’on prend en compte le système bancaire parallèle du Royaume-Uni (9 trillions de dollars), l’Europe pèse plus lourd (31 trillions de dollars) que les Etats-Unis !

Selon une étude récente de la BCE, l’ensemble des actifs gérés par ce pan de la finance en zone euro est passé de 19 trillions d’euros à la fin de 2013 à 23 trillions d’euros à la mi-2014. A cette même période, les actifs gérés par le secteur bancaire classique représentaient quelque 30 trillions d’euros. Selon Vitor Constancio (Vice-président de la BCE), « si le SB continue à croître à la même vitesse que durant la dernière décennie et que le crédit bancaire reste stable, les actifs du secteur bancaire réglementé pourraient dépasser en taille ceux du secteur réglementé d’ici cinq ans ».

II. LA FINANCE PARTICIPATIVE OU LE « CROWDFUNDING »

A. Définition

Le crowdfunding, également appelé financement participatif, est né aux Etats-Unis au début des années 2000, au départ pour financer des projets artistiques. Ce mode de financement s’est rapidement développé grâce à internet, le web permettant en effet la mise en relation entre les porteurs de projets et les personnes souhaitant investir dans ces projets qui peuvent être de nature très variée : projets artistiques, écologiques, entrepreneuriaux, solidaires…

Aujourd’hui, il consiste, pour un porteur de projet, à collecter des fonds auprès d’un grand nombre d’investisseurs ou de donateurs. Pour ces « net-investisseurs », souvent des particuliers, l’avantage est de connaître la destination de son épargne en toute transparence et sans intermédiaire.

Le crowdfunding est aussi un mode de financement complémentaire ou substituable aux financements bancaires traditionnels. Aussi, le gouvernement français, proactif sur le sujet dans le cadre notamment du financement des PME, a publié un « guide du financement participatif » et proposé la définition suivante : « le financement participatif ou « Crowdfunding » est un mécanisme de financement innovant qui permet de récolter des fonds auprès d’un large public en vue de financer un projet créatif ou entrepreneurial qui fonctionne le plus souvent via Internet. Il existe trois grandes catégories de plateformes de financement selon que celles-ci sont basées sur des dons, des prêts ou des investissements en fonds propres. »

B. Les différentes formes de financement et les catégories de projet

On distingue différentes formes de financement :
• Le don avec ou sans contrepartie (comme KissKissBankBank, Ulule ou MyMajorCompany)
• Le prêt rémunéré (lendy, Prêt d’Union, Spear)
• Le prêt solidaire (non rémunéré) comme le pratiquent Hello Merci ou Babyloan, précurseur du genre en France.
• La prise de participation en capital ou equity crowdfunding, comme WISEED ou Unilend

Bien d’autres structures sont apparues en France au cours des derniers mois, témoignant de l’enthousiasme suscité par cette nouvelle forme de financement, en marge des banques.

Le Crowdfunding industry report de 2013 identifie les 10 catégories de financement participatif les plus représentées. Les projets sont de nature diverses et la destination principale des projets est artistique (38%), qu’il s’agisse de films (17%), de musique (7%), de mode (6%), d’art en général (5%) ou de projets d’édition (3%). Viennent ensuite les projets d’intérêt général qui financent des causes sociétales, comme l’aménagement des écoles, la lutte contre la faim et les maladies (27%). Le financement des projets entrepreneuriaux vient en troisième place avec 17% des projets. Enfin, on trouve des projets liés à l’environnement (6%), l’information (5%) ou les sciences et technologies (3%).

Un label et un cadre règlementaire ont été initiés par les pouvoirs publics sous la tutelle de l’ACPR et formalisés par l’ordonnance n°2014-559 du 30 Mai 2014 et son décret d’application n°2014-1053 du 16 Septembre 2014. Le label « plateforme de financement participatif » permet aux investisseurs d’identifier les plateformes qui respectent la réglementation. Ces plateformes ont des obligations d’immatriculation et d’agrément en fonction de la nature de leur activité.

C. Un secteur encore jeune mais plein de promesses

Les particuliers et les « institutionnels » ont investi, donné ou prêté 16.2 milliards de dollars dans le monde grâce à ces plate-formes, un chiffre en hausse de 167% sur un an. Le rythme de progression de ce nouveau segment de la finance ne faiblit pas. Pour rappel, les centaines de plateformes actives dans le monde n’avaient récolté que 2.7 milliards de dollars en 2012, et plus de 6 milliards un an plus tard. Le cabinet américain Massolution s’attend même à un nouveau doublement pour 2015, à 34.4 milliards de dollars.

Si ces plateformes dépoussièrent l’image de la finance, les motivations des investisseurs sont classiques : la recherche d’un bon niveau de rendement. Pour cette raison, et parce qu’elles attirent des investisseurs ayant une grande puissance (assureurs, fonds d’investissements…), les plateformes de prêts concentrent 68% de la collecte de 2014 (11.08 milliards de dollars, soit + 223% sur un an), bien loin devant les sites permettant d’entrer au capital d’une PME ou d’accorder un don.

Au niveau mondial, les plateformes américaines mènent la danse, avec une collecte de 9.46 milliards d’euros en 2014. Pour l’heure, l’Europe et l’Asie font jeu égal (respectivement 3.26 milliards et 3.4 milliards de dollars collectés) mais jusqu’à quand ? Sous l’impulsion des prêts entre particuliers en Chine, les plateformes asiatiques ont connu l’an dernier une croissance éclair de 320%.
En France, le marché connait un essor important mais reste balbutiant : 27 millions d’euros en 2012, 78.3 millions d’euros en 2013 et 66.4 millions à la fin du 1er semestre 2014.

nicolas percet

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